La délicatesse de l'écho

22/07/2020 16:01

Mon regard s'égare, je suis ici et nulle part. Vous parlez comme des automates, un jeu de comédiens dans ce théâtre social. Je vous écoute, et je vous réponds sans y être. Mon visage s'anime par mimétisme, vos états d'âme résonnent en moi, et je vous imite. Parfois j'absorbe vos émotions, elles me traversent, m'atteignent. D'autres fois, je ne perçoit rien, vous êtes si loin de moi et je suis tellement seule, livrée à moi même dans une torpeur sans nom. Ce néant se remplit de souvenirs glaçants, ou de pensées destructrices. Dans cet état second j'ai l'impression que la vie s'en va, qu'elle se détache de l'insoutenable. Il ne reste qu'une coquille vide. Ou plutôt pleine, de tristesse, de rancoeur, d'angoisse, de désespoir. Pleine à craquer et prête à se briser, doucement, au fil du temps... ou alors brutalement, avec violence. Peut-être que c'est justement le lent dépérissement qui engendrera la brutalité, ou peut-être que celle-ci viendra insidieusement, surgissant à l'instant d'un acte désespéré. Et si ma vie se brise, si elle se liquéfie dans le désespoir, où vais-je me retrouver ? Ici, et nulle part...